J’accompagne Mathilde dans sa recherche de métiers.Elle est en seconde et ça fait sept ans qu’elle fait du théâtre et de l’équitation. Elle adore le théâtre et tout ce qu’il y a autour : La mise en scène, la réalisation du spectacle, les décors. C’est vraiment quelque chose qu’elle aime beaucoup. Je lui ai proposé d’interviewer un réalisateur (un métier qui l’intéresse beaucoup) pour qu’elle puisse plus facilement se projeter.
Nous avons donc poser quelques questions à Jonathan, 37 ans qui est réalisateur dans l’audiovisuel. Ce fut un échange agréable et enrichissant où l’on a pu ressentir sa passion pour ce métier. Merci à toi, Jonathan pour ce partage.

Note : Il existe différentes catégorie de réalisateur :
- réalisateur de film pour le cinéma
- réalisateur publicitaire qui réalise les pub à la TV
- réalisateur film institutionnel : film d’entreprise ou d’institut
- réalisateur d’événement : film les pièce de théâtre, film de concert
- réalisateur dans l’audiovisuel L’audiovisuel
Peux tu nous résumer ton parcours?
J’ai commencé à réaliser, avec mon frère, mes premiers courts-métrage vers l’âge de 12 ans avec le caméscope familial et depuis ça ne m’a jamais quitté ! Les écoles de cinéma étant trop cher j’ai dû m’orienter dans une branche pour avoir un bagage. J’ai fait un BEP Productique avec une orientation Aéronautique qui ne m’a jamais vraiment intéressé puis par la suite commencé un CAP Lutherie Guitare (que j’ai arrété pour faire une formation interne en assistant technique sur instrument de musique). Quelques années plus tard, j’ai commencé des cours par correspondance afin de passer un BAC L en candidat libre puis une orientation Philo mais en ayant une fois de plus arrêté ! En parallèle j’ai toujours continué à réaliser des courts-métrages mais une fois de plus les raisons financières m’ont empêchées de m’inscrire dans ces écoles. Avec l’explosion d’internet j’ai pu contacter des étudiants en audiovisuels pour bénéficier de leurs cours et je me suis formé par le biais de tout ce que l’on m’a envoyé et ce que je trouvais sur la toile. Je me suis aussi formé aux VFX (effets visuels * effets spéciaux numérique) dans lequel je me suis acharné, formé sans relâche, formé sur le tas via des tournages jusqu’à obtenir de la crédibilité pour me confier des projets. Je me forme toujours car les techniques et logiciels ne cessent d’évoluer et il faut toujours être au top ! Pour conclure sur les études et formations je suis totalement autodidacte dans les domaines de l’audiovisuel et l’imagerie 2D – 3D
Une première partie de mon métier : Je réalise de films types “Corporate” autrement dit; d’entreprise, institutionnels etc. Des entreprises prennent contact avec moi et me passe une commande audiovisuelle pour présenter via un mini film leur entreprise. Il y a 3 étapes: L’étape de la Pré-Production: les réunions de travail, les repérages de l’entreprise, le plan de travail etc. L’étape de la production: Je réalise le film en choisissant les bons angles de vues, les mouvements de caméra adaptés en fonction, l’objectif de la caméra à utiliser pour donner tels dimension au propos, la lumière pour mettre en valeur différents sujets. L’étape de la Post-Production. Le dérushage consiste à choisir quelles prises je vais choisir. Le montage pour raconter l’histoire en harmonisant le tout via la musique, la fluidité du montage, la cohérence des plans. L’étalonnage où je dois retoucher les niveaux d’un plan à un autre afin d’obtenir une homogénéisation de la luminosité, le contraste, les couleurs pour terminer sur une phase de correction colorimétrique afin d’y donner le ton final. L’exportation du film en choisissant un encodage spécifique lié au système de diffusion (Internet, TV, Écran géant).
Une 2ème partie est dans l’événementiel via le film type: “Aftermovie” ayant deux fonctions: La diffusion pour le souvenir et le teasing pour la promotion. Je filme des évènements (Concert – Théâtre – Festival – Salon – Vernissage – Inauguration etc.) où je dois capter un maximum d’image des moments forts après quoi je passe à l’étape de la Post-Production afin de donner le ton adéquate à cet Aftermovie.

Une 3ème partie de mon métier : Je suis formateur en centre de formation en imagerie audiovisuel 2D &3D. J’ai la chance de pouvoir former à ce métier sans pour autant en avoir fait des études ! Comme quoi avec de la passion et la volonté…
Concernant le film type “Fiction” j’en réalise toujours dans le but de pouvoir “percer” dans ce domaine mais il faut être réaliste malgré tout, nous sommes des milliers de réalisateurs en herbe en France et des centaines de milliers à travers le monde à vouloir percer et signer avec de grosses productions nous confiant un budget de plusieurs millions d’euro et là c’est porte close à 90% ! Celà ne m’empêche pas pour autant de m’acharner et de vouloir y parvenir en produisant mes fictions avec mes propres finances qui sont bien loin des 465 millions de dollars pour qu’on coûté le film Avatar !

En France c’est très académique ! Tu verras que n’importe quelle branche où tu iras, le diplôme est mis avant la pratique !
Je te donne un exemple pour mieux comprendre : Un jour, J’ai envoyé une bande démo d’une grande société d’effets visuels en France. En fait, ils m’ont donné un entretien. Ils ont retenu la bande démo donc j’étais très content car c’est super gratifiant !
Mais qu’est ce qui s’est passé? Ils ont vu que j’étais autodidacte, alors ils ont privilégié quelqu’un avec un diplôme. Ils peuvent prendre quelqu’un qui a un niveau inférieur. Mais par contre, il a les diplômes…
Donc, si tu la chance de faire des études là-dedans n’hésite pas une seconde. Ça n’empêche pas que si tu ne fais pas tes études dedans, tu puisses en vivre mais par contre, tu seras totalement indépendante.
Qu’est ce qui te motive à aller travailler?
C’est toujours un défi. c’est jamais la même chose, c’est ça ce qui me motive, il faut satisfaire le client plus que ce qu’il te demande. Ça me motive le matin de me dire:” Allez je suis à bloc. Il faut que je lui mette des étoiles dans les yeux. Il m’a demandé ça et je vais lui en faire plus.”
Quels sont les avantages et les défauts de ce métier ?
Avantages : tu fais des rencontres.J’aime bien tout ce qui touche à l’humain en général. Je prends un cas de figure: J’ai travaillé pour une pension de famille avec des gens qui sont en réinsertion sociale, etc. C’est un domaine qui m’intéresse particulièrement. J’étais super content.
Bizarrement, ça n’a rien à voir avec l’audiovisuel mais en y réfléchissant de manière profonde il y a un lien ! Sinon j’ai pu rencontrer des gens de la télé et j’ai travaillé avec des seconds rôles que l’on peut voir dans des séries comme Scène de ménages, Plus belle la vie, Nos chers voisins mais aussi filmé les Stars 80, le talentueux chorégraphe-cascadeur Michel Quach et la pointure théâtrale Didier Brice. J’ai réalisé en collaboration avec les frères Inigo le teaser et la présentation des joueurs du XV de France projeté au stade de France. Sans compter les images en Post-Production avec Bigard entr’autres. Ça n’arrive pas tous les jours mais c’est une petite reconnaissance pour tout le travail accompli. Ces moments là sont vraiment fun et psychologiquement puissant après coup !
Inconvénient : Tout le temps être obligé de se mettre au top de la technologie. Ça avance trop vite. On en veut toujours plus. C’est un peu comme l’informatique, ça n’arrête pas de progresser. En France on est à peine en train de développer le 4k que des caméras proposent déjà du 8k et que beaucoup d’indépendants veulent s’approprier ! Le monde de la beauté de l’image prend beaucoup trop de place malgré que beaucoup d’indépendant possèdent des caméras ultra perfectionnée sans pour autant la faire fonctionner correctement ! De plus, il faut que la puissance informatique puisse suivre derrière tout ça pour supporter le débit et la résolution de ces caméras ! Personnellement je trouve ça débile et sans véritable intérêt !

Soit tu travailles dans les grandes villes, mais là, il y a tous les inconvénients d’avoir de la concurrence ou soit tu travailles en province, il y a moins de concurrence, et les clients ne demandent pas d’être à la pointe de la technologie numérique en ce qui concerne un film institutionnel. Ils veulent un film de qualité et point barre ! Ils veulent pas regarder ce qu’à fait le voisin concurrent.
Quelles sont les difficultés de ce métier?
Je ne vois pas ça comme une difficulté mais comme un défi. Je prends effectivement conscience qu’il peut être difficile de trouver l’art et la manière d’exécuter un plan pour faire ressortir un propos et/ou une émotion en choisissant le bon objectif de caméra, l’angle, le mouvement, l’éclairage pour obtenir l’image qui fera son effet en fonction du type de film: Corporate, Fiction, Reportage. Il faut allier créativité et technologie et essayer d’emboîter les deux. Et tu verras que c’est pas toujours simple et ça c’est un véritable défi créatif et technique !

Quelles sont les qualités à avoir?
Il faut que tu sois humaine, à l’écoute. Il faut que tu aies une ouverture d’esprit très large, être pédagogue, de bons conseils et très patient ! Pour exemple, un client va venir te solliciter pour tes qualités artistiques mais finalement il va pas te laisser t’exprimer car ce client sera persuadé d’avoir la meilleure idée malgré qu’il n’y comprend absolument rien dans ton domaine ! Il faut que tu sois professionnel et que tu essaies de l’orienter sans le brusquer. Il faut être efficace et convaincant quand tu es face au client. Des moments ça passe et d’autres le client n’en fait qu’à sa tête puis tout est réalisé comme il le désire et tu sers uniquement de technicien ! Il faut être pro dans ces cas là et faire preuves de beaucoup de patience sans pour autant se faire marcher dessus !
Est ce que c’est difficile à en vivre?
Tout dépend comment tu veux t’orienter réellement? Si tu veux filmer que du spectacle, en tant qu’indépendant ça va être compliqué d’en vivre correctement.
Il ne faut pas que tu t’arrêtes à une spécialité si tu veux du travail régulièrement ! C’est comme en musique, plus tu t’ouvres et plus tu apprends des choses différentes et plus ta créativité s’élargit et tu peux faire des choses diverses et variées.
J’ai régulièrement du travail en étant en Province mais avec des demandes de temps en temps en tant que Superviseur VFX, artiste 3D; formateur… Je touche à plusieurs spécialitées ce qui fait que j’ai régulièrement des demandes.
Toutes les entreprises en province commencent à découvrir l’audiovisuel, le numérique. En fait, on s’aperçoit vraiment qu’on en a besoin pour faire de la com. Tu peux avoir du travail en tant que réalisateur parce que ça se développe. C’est vraiment en train d’exploser. Le temps des photos sur la toile se ternit un peu sauf pour les photographes techniciens de l’image on demande de l’audiovisuel pour partager sur les sites web, les réseaux sociaux, les sites de vidéos en ligne. Tu as une vraie demande.
Petits conseils de Jonathan si le métier de réalisateur te tente:
1 – Si tu veux te lancer à ton compte : De plus en plus, de petites villes en province ouvrent des salles conventionnées et des salles de spectacles pour mettre en avant la culture et l’art. Cela peut être vraiment intéressant d’être le réalisateur attitré d’une de ces salles. Trouver une ville où, ils sont en train de développer une salle, c’est un bon plan.
2 – Essayer de faire tes propres courts-métrage avec une caméra, ton appareil photo, ton téléphone ou autre. Il y a pleins de festivals pour jeune public :Ton court métrage aura peut être la chance d’avoir le prix du jury, ou le prix du public et ça, pour moi, ce n’est pas négligeable. Si tu veux t’orienter dans ce métier, c’est maintenant et tu verras si tu as la patience de réaliser un film avec les moyens du bord. La diffusion sur YouTube et l’échange avec des réalisateurs en herbe sur cette plateforme est une mine d’or !
Bravo Mathilde, c’est important d’être curieuse, de multiplier les rencontres. Nos métiers sont des métiers relationnels, où le feeling, les qualités humaines de chacun sont essentielles. Néna Tango, chanteuse à cheval, metteur en scène